Publié le par Charles Latterrade
L’inauguration 1975 : Bernard Duviau est au centre, en compagnie du préfet Prensa (à sa droite) et de Gérard Pargade.
PHOTO ARCHIVES GILBERT DARRIEUX
Bernard Duviau, « paysan à 18 ans en 1968 », a été le premier président de la Foire au matériel agricole d’occasion de 1974 à 1977. Il nous livre ses souvenirs.
L’idée. « Elle m’était venue, en 1973, quand se faisaient sentir les effets du premier choc pétrolier, qui se répercutaient dans nos campagnes. Pas chez tous les paysans, mais déjà chez les plus faibles. Le mot ‘‘soldes’’ était pour moi synonyme de ruée sur les bonnes occasions. Or, ce marché n’existait pas. Seul Ducau, à Maylis retapait des tracteurs venus du Nord. »
Le lieu. « Pour organiser, j’avais pensé à Bernède, mon village, mais le maire de Barcelonne-du-Gers, Gabriel Baccarisse, fut partant et le Centre cantonal des jeunes agriculteurs de Riscle approuva le projet. »
Le lancement. « Pour cette première organisation, totalement nouvelle, Alain Lalanne, Gérard Pargade, Bernard Dufau et moi-même avons dû nous débrouiller, dans un cercle familial. Pour faire l’avance des frais postaux (450 lettres aux concessionnaires), j’ai même tapé dans ma cagnotte du voyage de noces. »
La rencontre. « La rencontre décisive fut celle avec Gilbert Darrieux, correspondant local de ‘‘Sud Ouest’’ et diffuseur de presse. Je lui fis connaître un copain de service militaire, Joël Aubert, journaliste à Bordeaux. Gilbert Darrieux inonda d’articles les trois éditions des Landes, du Gers et du Béarn et il obtint du service diffusion deux voitures publicitaires, qui venaient de boucler le Tour de France. »
La première. « Finalement, le 1er octobre 1974, 14 concessionnaires et trois particuliers déballent sur la place de la Garlande. Le soir même, tout est vendu car le public est venu en masse (4 200 personnes sur la journée, selon la préfecture). Ce créneau est porteur, même si la date n’est pas judicieuse, car les récoltes de vin et maïs ne sont pas encore rentrées. »
Le retour. « Nous recommençons six mois plus tard, sur deux jours, les 8 et 9 mars, avec deux nouveautés : la voiture d’occasion et les camelots. 32 emplacements sont installés, la foire déborde vers la mairie et le foyer. Nous utilisons le premier fascicule financé par les exposants et, pour la première fois en France, les encarts insérés dans les relevés de compte du Crédit agricole. Le samedi, orage de grêle, le dimanche, affluence énorme : camelots et professionnels font un carton, ainsi que l’association paroissiale, qui vend des pastis. Nous sommes euphoriques, mais nos organisations syndicales nationales le sont beaucoup moins : la première année, elles ont récupéré la recette de notre buvette. Elles jugent surtout que notre manifestation, qui traite de matériel d’occasion, est peu valorisante pour une agriculture qui se veut alors l’or vert de la France.
La suite. « En 1976, la foire passe à trois jours. Un Comité de foire se crée pour établir une certaine indépendance avec les structures nationales, jugées trop marquées. 1977 est encore un grand virage : ‘‘Sud Ouest’’ lance des pages agricoles, confiées à Gilbert Garrouty, et propose d’organiser un débat. Ce sera avec Emmanuel Maffre Baugé : le vigneron des Corbières est nettement à gauche, un tribun hors pair. Sa présence affirme notre indépendance par rapport à la ligne syndicale nationale. Le débat est électrique, car ce grand orateur a participé aux affrontements mortels de Montredon. En trois ans, la foire actuelle est quasiment en place : il restera à rajouter le supplément de ‘‘Sud Ouest’’ en 1979 et le grand écran pour le match de rugby, en 1981. »